De: Lucie
Objet: DE RETOUR DE LA GRANDA JUGLAND CUP




J'étais il y a un mois à la Granda Jugland Cup a.k.a le Festival International de la Bande Dessinée à Angoulême.
(notes de souvenirs du festival —pas eu le temps de dessiner: des gouttes de pluie dans le rayon d'un spot lumineux, le vent humide dans les branches, une lune grosse comme une boule d'angoisse bien brillante entre deux nuages, et plein de gentilles tendues pour offrir de l'eau)





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J'ai, après la sortie de Baume du tigre en 2020 et avec le rush d'activité qui a suivi, commencé à faire des dédicaces. Je l'ai fait d'abord comme une tâche immédiate et imposée sans trop réfléchir au sens que ça pouvait prendre, aujourd'hui j'y réfléchis mais je ne sais pas encore. J'ai posé la question à des lecteurs qui m'ont répondu qu'ils voulaient simplement nous rencontrer. Beaucoup de lecteurs ont été impressionné du soin que je mettais à dessiner pour chaque dédicace, mais c'est parce que s'ils viennent me rencontrer, je n'ai pas l'impression d'en être si digne. Je me sens bien avec moi-même mais je n'ai pas une si haute idée de ma personne qu'elle vaudrait que des gens se déplacent ou réservent leur soirée pour elle.
Alors pour compenser, j'essaie quand j'en ai la force et l'inspiration de soigner mes dessins, parce qu'après tout c'est la raison première pour laquelle j'ai été invitée ici: mon travail plutôt que ma personne.
Je dis aussi souvent "je suis contente de rencontrer des lecteurs", ce qui est vrai dans l'ensemble, mais sans vraiment savoir pourquoi je dis ça et ce que j'attends de ce moment. Et si les gens réservent leur soirée et se déplace dans le quartier voisin, moi je prends tout mes weekends et plusieurs heures de train pour eux. Des fois, ça en vaut largement la peine, mais des fois un peu moins. Si j'ai dessiné, si je me suis appliquée et que j'ai fait des dessins beaux, nouveaux, alors c'est toujours ça de sens et d'utilité retrouvés à ce moment-là.

Je suis aussi timide dans la vraie vie que sur internet.


J'ai ce weekend fait mes dernières dédicaces en librairies pour Les Yeux d'or. Et si des fois, il y a de ces échanges fastidieux de platitudes qui engourdissent mon esprit et émoussent toute motivation de publier des albums (à quoi bon, si c'est pour juste rajouter un énième truc banal à l'infinie pile des banalités de la vie), il y a aussi plein de fois comme hier, et avant-hier, où les libraires, les lecteurs, donnent du sens à tout ça (faire une bande dessinée, la publier: toutes ces heures d'efforts et d'angoisse).

Le souvenir de toutes ces gentilles personnes soient venues me voir me laisse vaguement perplexe comme il me réchauffe le coeur.


C'est donc toute ravigotée que je peux rentrer chez moi, et y rester pour les 2 prochaines années, occupée au prochain album déjà à venir.

C'est donc la fin pour la promo des Yeux d'or en librairie, mais on se retrouve à tous les petits festivals qui émailleront la ou les années à venir.
Les prochains sont:

* 15.03 -> 16.03 // Dédicaces au festival Rue des Livres (Rennes)
* 4.05 -> 5.05 // Dédicaces au Salon de la BD et des arts graphiques (Roubaix)





Si je vous y croise et que ça vous intéresse, je serai heureuse de vous partager ma pratique personnelle, je veux dire les dessins ou les bandes dessinées que je fais pour moi, quand personne ne me regarde. Je les posterai sur mon site, comme des pages entassées sur le bureau, et je vous les enverrai sûrement au fur et à mesure. Voici d'ores et déjà une première fournée, qui date de 2022 (déjà) à 2024.












Entre ces interstices de papier scanné, il faudra que j'avance sur mes planches - contenu: oies et humains en migration, mythes antiques, piété filiale, et l'annonce d'un destin qui attend. À venir prochainement, prochainement signifiant ici probablement en 2026. J'enverrai sûrement quelques images, d'ici là.
À bientôt —

Lucie

NOTE TECHNIQUE: Dans quelques jours aura lieu la fermeture de la déjà regrettée plateforme Tinyletter, qui était merveilleusement simple, radicalement minimaliste, absolument gratuite pour les auteurs comme les lecteurs, sans monétisation possible, sans statistique aucune, tel un modeste petit isolat austère et paisible à la fois, au milieu de l'internet néolibéralisé de partout.
Mais bref je dois donc déménager, transplanter, rempoter cette newsletter sur la plateforme Substack (je suppose qu'elle en vaut une autre). Ca ne change rien pour vous et vous recevrez, dans la semaine prochaine je pense, un mail automatique pour vous confirmez que vous restez abonné.En espérant que tout le monde se sentira bien dans ce nouveau pot. RIP Tinyletter, @+